Le suicide a longtemps été considéré comme un phénomène banal. Il était presque rangé dans la rubrique des simples faits divers. Mais, la montée du phénomène a fini par ouvrir les yeux sur la question. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait d’ailleurs décidé d’y consacrer une journée, le 10 septembre, de chaque année. Le suicide fait de plus en plus de dégâts au sein de la société gabonaise. Les médias relatent régulièrement des cas de suicide à travers le pays. Les familles dont les membres se rendent coupables de tels actes en subissent parfois les conséquences. Car le suicide est une transgression des règles sociales.
Se donner la mort (façon volontaire) est une remise en cause des fondements même de la collectivité. Ce triste phénomène est souvent lié à la faiblesse, à l’aliénation, à l’autarcie et au désespoir, phénomène courant dans les sociétés où il est question du primat de la conscience collective sur la conscience individuelle.
Sur le plan familial, le suicide suscite un sentiment de honte chez les parents. Sans oublier le fait que l’acte de suicide peut cacher toute une histoire peu glorieuse d’une famille. La révélation des véritables causes peut être un risque pour la famille. La majorité des cas est liée à une affaire familiale. Il est donc patent que peu de personnes sont enclines à déclarer le suicide d’un proche ou d’un parent. Les risques de travestir les causes de la blessure ou du décès sont démultipliés d’autant plus qu’il n’y a pas beaucoup de témoins. C’est le cas de bon nombre de victimes. Si la société n’aime pas trop le suicide, c’est aussi parce que c’est une remise en cause des normes.
La collectivité enseigne à tous ses membres la voie de la réussite. Comme le fait d’aller à l’école, d’être sérieux, rigoureux, d’avoir des diplômes et de trouver un emploi. L’individu peut suivre tout ce chemin et une fois les diplômes obtenus, il est confronté au chômage. En fonction de la force intérieure, les réactions ne sont pas les mêmes. Le suicide est une interpellation de la société qui n’a pas pu trouver des solutions aux problèmes de certaines de ses composantes. Le suicide le mercredi 4 septembre 2024, de Steeven Nzelae à Libreville à cause de la misère, est un exemple éloquent. Il avait sans cesse exprimé sa détresse, mais personne n’y avait prêté.
Jonas Moulenda